Christophe Holemans

Christophe Holemans

Christophe Holemans : l’art de vivre et de dessiner jusqu’au bout du trait


Début Juin 2021, nous perdions Christophe Holemans. Un artiste belge rare. Inclassable. Inoubliable. Il laisse derrière lui un monde un peu plus terne, orphelin de ses regards dessinés, de ses colères réjouissantes, de son amour de la matière, de la table et de la vie.

✏️ Un maître du Bic, un maître du regard

Christophe Holemans n’était pas un simple dessinateur. Il était un artisan du stylo-bille. Loin des esquisses hâtives ou des effets de style faciles, il pratiquait le Bic comme d’autres manient le burin ou la plume : avec patience, avec obsession, avec cette précision presque douloureuse qui use les poignets mais fait jaillir l’âme du papier.

Ses œuvres ? Des merveilles hyperréalistes, souvent animales, toujours saisissantes. Des singes au regard troublant, des perroquets aux plumages flamboyants, des libellules figées dans l’éternité de l’encre bleue. Il dessinait les animaux comme on rend hommage à une espèce en voie de disparition : avec tendresse, rigueur et engagement.

Mais il ne s’arrêtait pas là. Il croquait aussi des femmes puissantes, rondes, présentes. Des visages, des murs effondrés, des maisons de maîtres à l’architecture complexe. Toujours, il traquait le regard. Le regard dans l’œil du singe, le regard dans un nœud de pierre, le regard que nous lançait le dessin lui-même, comme un miroir nous interpellant. Christophe Holemans dessinait pour que nous regardions mieux.

💍 Du bijou au dessin : un artisan avant tout

Formé à la bijouterie, nourri d’architecture et habité par le dessin, Christophe n’a jamais choisi entre ces disciplines. Il les a fondues, confondues, combinées. Ses bijoux, inspirés parfois par l’Art Nouveau, parfois par Jules Verne, sont des objets qui racontent, qui intriguent. Ses maisons dessinées à la main sont des œuvres de patience et de structure. Ses dessins, même les plus fous, sont enracinés dans une exigence artisanale, où la technique est toujours au service du sens.

Il ne cherchait pas à faire "beau" pour faire beau. Il faisait juste. Le geste. La matière. Le travail. Loin des poses artistiques, proche de l’essentiel. Son art n’était pas décoratif, il était nécessaire. Il relevait du labeur réinventé. D’un labeur fertile. D’un labeur heureux.

🍷 Un artiste gourmand de tout

Ses amis le décrivent comme un jouisseur, un râleur magnifique, un bon vivant. "Tu étais le plus grand mangeur de l’histoire", dit l’un d’eux avec une tendresse pudique. Oui, Christophe Holemans aimait vivre. Goûter. S’enthousiasmer. Se révolter aussi. Il appartenait à ce club très fermé des artistes qui sentent le monde, le mangent, le digèrent et le recrachent sous forme de traits, de volumes, de bijoux ou de silences habités.

🐒 Une œuvre qui nous regarde encore

Christophe Holemans ne demandait pas "pourquoi" il dessinait des gueules de chiens, des grands singes ou des femmes opulentes. Il le faisait. Parce que c’était là. Parce qu’il y avait quelque chose à voir. À faire voir. Il transformait la banalité en mystère, l’ordinaire en sacré, le trait en cri.

Son œuvre reste. Puissante. Silencieuse. Interpellante. Elle nous regarde encore. Elle nous oblige à changer notre regard.

Et pour ça, Christophe, merci.

 

Le site web de Christophe

 

Sa dernière exposition : Art'is Big, Expo Collective, a eu lieu du Lundi 3 au Lundi 31 Mai 2021